La situation en Haïti continue de se détériorer dangereusement, a averti lundi Maria Isabel Salvador devant le Conseil de sécurité des Nations Unies. La cheffe du Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH) estime que les efforts du gouvernement haïtien restent insuffisants pour freiner l’escalade de la violence. Elle craint que le pays n’atteigne un « point de non-retour », appelant la communauté internationale à agir immédiatement pour éviter un effondrement total de l’État.
Depuis le début de l’année, les groupes criminels organisés ont intensifié leurs attaques, étendant leur influence à de nouveaux territoires, notamment Kenscoff, Delmas, le centre-ville de Port-au-Prince et Pétion-Ville. Maria Isabel Salvador a souligné que la Police nationale haïtienne, même appuyée par l’armée et la Mission multinationale de sécurité, peine à contenir cette poussée. Le bilan humain est lourd : plus de 1 000 morts et près de 400 blessés en seulement deux mois, tandis que des dizaines de milliers de personnes ont été forcées de fuir leurs foyers.
Face à cette crise profonde, la représentante spéciale a insisté sur l’urgence de renforcer l’aide internationale. Tout en saluant le leadership du Kenya à la tête de la Mission multinationale, elle a rappelé qu’aucune solution durable n’était envisageable sans un soutien massif et coordonné. Les conséquences humanitaires de l’insécurité sont déjà dramatiques, avec la fermeture de centaines d’écoles et la résurgence du choléra dans plusieurs régions du pays.
Sur le plan politique, Maria Isabel Salvador a exprimé un appui prudent au processus engagé par le Conseil présidentiel de transition pour organiser des élections en 2026. Toutefois, elle a mis en garde contre les défis sécuritaires qui pourraient entraver ce calendrier ambitieux. Selon elle, un échec à fournir une aide rapide et décisive pourrait précipiter Haïti dans un chaos irréversible, compromettant les efforts en cours pour restaurer la gouvernance démocratique.
