April 19, 2025

Deux siècles après la signature de l’ordonnance royale de 1825, l’ambassade d’Haïti en France a rassemblé diplomates, universitaires et responsables politiques autour d’une conférence-débat pour revisiter l’un des épisodes les plus marquants – et controversés – de l’histoire postcoloniale haïtienne. À travers le regard critique de l’historienne Klara Gusti Gaillard, les participants ont exploré les implications économiques, morales et géopolitiques de cette indemnité exigée par la France en échange de la reconnaissance de l’indépendance haïtienne.

Ce rendez-vous a suscité un vif intérêt auprès de plusieurs parlementaires français, de représentants d’organismes internationaux et de membres influents de la diaspora haïtienne. Louino Volcy, chargé d’affaires par intérim, a rappelé que cette initiative s’inscrit dans une série d’activités visant à mieux faire comprendre l’impact historique de cette ordonnance, signée sous la pression d’une flotte armée stationnée au large de Port-au-Prince. L’ambassade entend ainsi raviver une mémoire collective souvent ignorée dans les cercles officiels.

Dans son intervention, la professeure Gaillard a retracé le contexte d’un accord inégal, fruit d’un chantage militaire et d’une logique néocoloniale. En 1825, alors que la jeune République haïtienne tente de se consolider, la France impose une indemnité astronomique de 150 millions de francs-or et exige des avantages douaniers sur ses produits. Une somme démesurée, destinée à compenser non seulement les terres perdues, mais aussi les anciens esclaves considérés comme « biens meubles » dans les calculs des experts coloniaux.

Au-delà des chiffres, c’est l’injustice historique qui a dominé les échanges. Cette dette, qui a saigné l’économie haïtienne pendant près d’un siècle, fut supportée par la population rurale à travers des taxes sur les exportations agricoles. Elle a engendré une spirale d’endettement durable, ponctuée par des emprunts successifs contractés à l’étranger, dont les derniers paiements ne furent achevés qu’en 1922. Une situation qui, selon de nombreux observateurs, continue de hanter les fondements économiques et symboliques de la souveraineté haïtienne.

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